L’idée que l’amour fou est Malsain appartient à une ère moderne très individualiste. Voici ce qu’un groupe de chercheurs multidisciplinaire en a déduit :
Réfléchir sur la folie d’amour, c’est prolonger la question de la subjectivité et du soi.
Le postulat de départ s’articule autour des différences d’approche de la raison en Orient et en Occident.
L’Occident détesterait perdre la tête et privilégierait le contrôle de soi par la raison. Le fou d’amour qui se perd au profit d’un autre n’a plus, en perdant sa conformité aux normes, de place dans la société et le monde. La folie d’amour serait réprouvée par les gardiens de l’ordre social.
Le fou n’est fou que relativement à la sagesse, ou, en l’occurrence, la norme. La normalité s’avère le site paradoxal de toute folie.
En Orient, en revanche, la folie d’amour serait l’occasion privilégiée de sortir de la séparation pour atteindre l’Union et approcher l’Unicité divine, en oubliant le moi et en dépassant l’individualité propre.
L’articulation entre la folie et l’amour engendre une circularité qui se joue de l’amour humain le plus passionnel jusqu’à l’amour spirituel aux confins du mystique : l’amour suscite la folie qui, à son tour, est seule apte à atteindre l’absolu, dans un dépassement de la faculté rationnelle.
Enfin, la folie déconstruit les statuts de la réalité dans une stratégie où l’apparence n’est plus là. Entre vrai fou et faux saint ? La folie pointe le paradoxe suprême, elle est la sagesse authentique qui se cache par-delà la sagesse visible. La folie d’amour est sagesse suprême, par-delà la raison. C’est là sa force et son mystère.
La folie d’amour ou la mystique est ainsi le point de fuite vers l’absolu, vers l’ailleurs, vers l’autre pays ou vers l’Autre tout court.
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